mardi 7 février 2012

Un spectacle désolant

Personne devrait être surprise de voir le Ministère des Transports procéder à un simulacre de consultation concernant des "atténuations" des effets néfastes de son projet Turcot.  Nous avons vécu cet exercice de faux-semblants déjà à plusieurs occasions. C'est ce soir au CRCS que les citoyens peuvent se présenter pour dire - "haut et fort" - au MTQ quelle couleur qu'ils veulent pour le béton qui sectionnera leur quartier en deux.  À quoi bon?  Ça me fait un petit pincement au coeur d'avoir à le dire, mais l'invitation de Mobilisation Turcot et des certains politiciens locaux aux citoyens de venir exprimer leur opposition au projet - pour l'énième fois - me semble peu pertinent.  Que reste-t-il à gagner dans ce dossier?  Oui, "la seule lutte que l'on perd est celle que l'on abandonne" mais encore faut-il savoir quels sont les objectifs de la lutte en question.  Le gouvernement Charest et le MTQ ont démontré maintes fois leur mépris absolu pour la population du Sud-Ouest.  On peut toujours aller le dire encore, mais cela devient, à la longue, plutôt démoralisant.  Il semble peu probable qu'un rapport de force susceptible de faire reculer le gouvernement sur ce dossier puisse être bâti à cette stade-ci.

Entre-temps, des opportunistes tels que Richard Bergeron et Daniel Breton (nouveau candidat du PQ) seront là pour tenter d'attirer l'attention des médias, histoire de renforcer leurs vaines tentatives de "greenwasher" l'État libéral.  Benoît Dorais fait beaucoup de bruit  dans les médias, lui aussi, et ces dernières "consultations" lui donnent une opportunité de se poser en défenseur des intérêts de la population locale...et peut-être nous faire oublier ses gaffes concernant la bibliothèque Georges-Vanier et le Bain Émard.

Il faut se rendre à l'évidence:  ce ne sont pas les cris histrioniques de quelques coqs avec des ambitions ministérielles, mairielles (un mot que je viens d'inventer), et des ego démesurés qui vont réussir où la mobilisation populaire a échoué.  Au mieux, ils arracheront quelques concessions mineures.  Peut-être Dorais aurait son financement qu'il cherche auprès du MTQ pour boucler son budget.  Pour ma part, je n'ai pas le goût de me prêter au jeu des politiciens, je préfère, tout simplement, mettre mes énergies ailleurs.  

En fait, s'il y a une leçon à tirer du dossier Turcot, c'est que, effectivement, l'État libéral n'est pas réformable.  On peut aller crier dans ses consultations bidons autant qu'on veut, ça peut nous permettre de sentir un peu mieux (à condition de rester volontairement aveugle quant aux effets réels de l'exercice), mais au même temps, il faut bien se garder de cautionner de tels exercices de légitimation avec notre seule présence...